La Grande Cour

Bien connue de tous les Larziacois, la Grande Cour est un témoignage encore visible de la vie des vignerons dans les siècles passés.

On sait que le terrain du village se partageait en trois catégories : les parcs des grandes propriétés : Pastoureaux, vieux château de Lardy et Le Mesnil, les grandes fermes de terre labourables, La Honville, fermes du château et de la Sorbonne, ferme de Panserot (à l’emplacement du stade et de l’Houchette) et une grande quantité de pièces de vigne à vin de dimensions assez modestes, source de revenus vitale pour les petits paysans. S’y ajoutaient quelques cultures comme les pois, les haricots, les vesces et un peu de blé ou de méteil (mélange de blé et de seigle), les arbres fruitiers et le chanvre. D’où la présence à Lardy de nombreuses cours communes avec des petites maisons, descentes de caves extérieures et apparentes et des petits bâtiments généralement disparus : les fouleries où l’on écrasait le raisin. Plusieurs subsistent : Grande Rue dans le quartier du Bourbier (entre le bas de la rue de la gare et le chemin du Pré Besnard), quartier du Rosset.

Mais le lieu caractéristique est la grande cour et sa petite sœur, les deux visibles lorsque l’on remonte la rue de la Croix Boissée autrefois Croix Boissée. Cette croix subsiste, on y portait le buis bénit à l’église à l’occasion de la fête des Rameaux.

La Grande Cour est la première à gauche en venant de la place de l’église. Son tracé irrégulier rejoint la rue Jean Michelez et n’a guère changé depuis deux siècles sauf la construction de petites maisons le long de la partie gauche de la cour. C’est ce qu’on constate sur un plan des archives nationales daté de 1767.

A leur place se trouvaient des petits jardins. Derrière les maisons, de longues pièces de terre se prolongeaient jusqu’à l’actuelle rue du chemin de fer (ancienne route d’Etampes à Corbeil) diversement cultivées, notamment en vigne.

Cet ensemble immobilier et foncier, véritable petite communauté paysanne était avant 1789 un fief féodal dépendant de la commanderie de Chauffour elle-même rattachée à l’ordre de Malte. La cour a conservé son puits commun près de la rue Jean Michelez avec en face un bel escalier de cave extérieur.

On peut remarquer sur la façade de la première maison à droite un magnifique pied de vigne symbole du passé. En montant la rue de la Croix Boissée, immédiatement après l’entrée de la Cour, se trouvait au XVIIè siècle une auberge appelée  » Croix de Fer « . Il y en avait plusieurs à Lardy servant notamment aux bateliers qui transportaient le blé par voie d’eau jusqu’à Corbeil.

Marchons quelques mètres, une cour carrée s’offre à nos yeux à gauche. Le plan de 1767 note que l’ensemble plus les terrains à l’arrière appartenait à la famille Grenault, l’une des plus anciennes et représentatives de la communauté vigneronne de Lardy.

Pour compléter cette visite de la Grande Cour et afin de rendre hommage à l’un des plus anciens métiers paysans de la vallée de la Juine, ne manquons pas de voir un peu plus loin et à droite une autre cour, moins belle par son dessin général, mais dont certaines maisons offrent bien l’architecture vigneronne  » chambre à feu avec grenier planchéié au dessus, cave en dessous, foulerie à côté  » c’est ce qu’on lit dans les vieux actes notariés ! Le tout était bien sur couvert de chaume. Les formes demeurent même modernisées.

Peu de gens connaissaient ce passé. Il a pourtant forgé le caractère et le genre de vie de bien des habitants de fort tempérament assez instruits pour l’époque, la vigne étant un métier savant et fiers de leurs traditions. La vigne a disparu progressivement à partir de la création du chemin de fer qui transportait à bon compte les vins venus de la Loire et du midi, plus forts en alcool, se conservant mieux.

Dans les temps anciens, les plus grands vignobles de Lardy se trouvaient sur les coteaux de la vallée Louis et au-dessus de l’ancienne voie de chemin de fer ainsi qu’à son emplacement.

On cultive toujours les céréales sur les plateaux et dans les grandes plaines environnantes, mais la vigne a disparu de la vallée ainsi que le chanvre, les pois et les haricots !

N’oublions pas ce passé encore proche et respectons les maisons de vignerons.

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