L’église Saint-Pierre

L’Eglise Saint-Pierre de Lardy porte le nom du patron du village. Elle est d’origine fort ancienne mais subit les ravages des guerres.

D’origine romane, elle est cependant classée par les spécialistes parmi les églises ruinées par la guerre de cent ans. C’est Yves de Karnazet, compagnon de Charles VII, devenu seigneur de Lardy par grâce du roi, qui fit reconstruire l’église de Lardy, dont il ne restait sans doute que les éléments du gros œuvre. L’œuvre de Yvon de Karnazet fut poursuivie par Charles de Buz second mari de sa femme. L’église dut souffrir après sa réhabilitation des guerres de religion au XVIè siècle et de la Fronde au XVIIè siècle.

 

Extérieur de l’église

Un ravalement récent, réalisé avec un crépi à l’ancienne à la chaux, met en valeur les éléments en grès tels que les nombreux contreforts. La forme générale assez massive est typique des églises du Hurepoix avec clocher à bâtière. La façade à quatre ouvertures : le portail, antérieur sans doute à la guerre de cent ans est orné de colonnettes sculptées avec chapiteaux (un diable à droite, un motif végétal à gauche) et de vantaux en bois avec motifs à plis de serviettes d’époque gothique tardif.

Au-dessus, une fenêtre gothique flamboyant et au sommet une petite fenêtre de style roman qui éclairait le haut de la nef en bois avant qu’une fausse voûte ne la rende invisible de l’intérieur. A droite du portail une petite porte ouverte en 1853 remplaçant celle qui fut fermée sur le côté droit de l’église murée simultanément.

Contournons l’église sur la gauche, nous voyons des oculi au dessus des contreforts, élégants et sûrement anciens, puis la petite tour de l’escalier du clocher. La partie haute de celui-ci d’apparence romane est plus récente mais de bonnes proportions. Ensuite l’abside s’amorce avec une belle fenêtre gothique flamboyante qui éclaira la sacristie. A noter au sommet d’un arc boutant arrière, une petite tête de levrette en saillie très représentative du style XVè siècle que l’on trouve dans les tapisseries de l’époque. Suivons encore le tour de l’église, les oculi réapparaissent symétriquement à ceux de la façade nord et toujours de massifs contreforts.

Le tour de l’église fini, il faut rappeler que devant celle-ci se trouvait le cimetière comme dans tous les villages. Les notables étaient inhumés dans l’église, certains devant la porte de l’église, et les autres villageois dans le cimetière. Les inhumations dans les églises ont été interdites par un écrit du roi Louis XVI par mesure d’hygiène. En 1838 fut construit le nouveau cimetière après le carrefour de la Croix Boissée où il se trouve toujours. La place de l’église s’est donc trouvée libérée permettant une perspective sur la façade somme toute assez majestueuse.

 

Intérieur de l’église

L’aspect monumental de l’ensemble ne manque pas de frapper l’œil du visiteur qui remarque immédiatement le grand arc triomphal qui sépare le nef du chœur et qui est sûrement un témoin de l’église ancienne. Sa ligne est pure et encadre avec élégance la merveilleuse verrière qui se trouve au fond du chœur , que l’on peut classer parmi les plus beaux vitraux du Sud Essonne, par l’intérêt des sujets et l’opulence des couleurs. Nous en reparlerons et évoquons pour commencer la nef : celle-ci est pleine d’énigmes. A droite, les arcades sont typiquement du XVè siècle avec d’élégantes colonnes sans chapiteaux et des figurines sculptées. A gauche, des piliers massifs, probablement très anciens, datant d’avant la reconstruction, supportent des arcades qu’il est beaucoup plus difficile de dater. De faux chapiteaux carrés semblent d’un dessin plus récent. Si nous levons les yeux vers la voûte, nous remarquons qu’il s’agit d’une fausse voûte en plâtre à nervure de bois qui cache une partie des oculi. Cette modification a du être réalisée au XVIII siècle sous une voûte en plancher sûrement plus élégante mais moins confortable dans les rigueurs de l’hiver. Les deux bas-côtés sont plafonnés en plâtre et les petites fenêtres ovales sont garnies de vitraux installés au dernier quart du XIXè siècle et offerts par les paroissiens. Ils sont de belle facture de même que le vitrail gothique au-dessus de la porte de l’entrée offert par Mme d’Argentrée, propriétaire du Mesnil.

D’après un mémoire de vitrier de 1842, il semblerait que le seul vitrail en couleur existant à cette date ait été celui du chœur. Nous allons donc nous attarder dans cette partie de l’église. Le vitrail est divisé en deux parties : la partie supérieure, la plus ancienne, du XVIè siècle nous offre au centre un Christ en croix avec à droite et à gauche la Vierge et St Jean, en haut les autres auteurs des Evangiles.

La partie inférieure comporte au milieu Dieu le Père sur le trône de Saint Pierre. De chaque côté mes seigneurs de Lardy : Jeanne d’Allonville, morte en 1645, et son premier mari Antoine de Compremy ou son second mari Jean de Bombelles. La finesse du dessin des visages gravés dans le verre et l’intensité de la couleur des costumes ne peuvent que nous séduire.

Sous le vitrail un beau calvaire en bois sculpté polychromé dont les teintes délicates ne sont pas mises en valeur par l’éclat du grand vitrail. Il se trouvait autrefois au-dessus des fonds baptismaux au fond du bas côté gauche sur les consoles en pierre qui font saillie du mur. On ne sait pas où il se trouvait avant le déplacement des fonds en 1853, on ne connaît pas non plus son origine.

La bas côté gauche comprend, outre les fonds baptismaux en marbre du XVIIIè siècle, un reliquaire en bois doré dédié à Sainte-Faustine, deuxième patronne de l’église où ses reliques ont été déposés en 1812, l’ancien reliquaire ayant été détruit. Il ne reste que deux pierres tombales : l’une incomplète est celle d’Yvon de Karnazet (1499) et l’autre plus petite est d’époque Louis XIII celle de Jean Sébastien de Campreny, mort enfant en 1629, petit-fils de la Dame de Lardy représentée sur le grand vitrail. En nous avançant vers la Sacristie, nous passons sous l’orifice des anciennes cordes de cloches.

La sacristie dévoile les mystères de la construction et des modifications de l’église. Elle est voûtée, avec une clef de voûte ornée des armes de la famille de Karnazet. Les arcatures de cette voûte s’arrêtent brusquement sous le gros mur de refend qui sépare la sacristie du chœur. Ce mur existant sous Louis XIV a du intervenir avant, d’où l’aspect étrangement surbaissé de la voûte du chœur vers le vitrail. Seule une inspection architecturale pourrait déchiffrer cette énigme.

 

Décoration intérieure

Elle est quasiment absente depuis que l’ornementation du XIXè siècle a été supprimée malheureusement au cours des années 1960. Le seul intérêt de ces mutilations a été la découverte d’une statue de Saint-Pierre ou de Dieu le Père portant une tiare, derrière le maître autel disparu. Cette statue du XVIè ou début XVIIè siècle est placée maintenant à gauche de l’entrée du chœur. Elle avait été oubliée là depuis des générations.

C’est la deuxième fois en 170 ans que l’église de Lardy a été vidée de son contenu, la première en 1793 lorsque le conventionnel Couturier transforma l’église en temple de la raison. Il ne reste du mobilier XVIIIè siècle que les boiseries à pilastres corinthiens de chaque côté de la grande verrière du chœur, les fonds baptismaux en marbre et le bénitier en marbre blanc.

Telle qu’elle est, notre église porte les marques de l’histoire. Monumentale et dépouillée, elle est toujours accueillante pour les visiteurs et les fidèles.

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